Recrutement à l’étranger : un investissement gagnant
Face à une criante pénurie de main-d'œuvre, de plus en plus d’entreprises québécoises du numérique se tournent vers le recrutement international pour trouver du personnel. Avec des solutions créatives à la clé !
Les chiffres ne mentent pas. Selon un sondage dévoilé en avril 2021 par le Conseil du patronat du Québec (CSQ), 94 % des entreprises connaissent des problèmes pour embaucher du personnel. Sur 430 entreprises sondées, près de la moitié avouent refuser des contrats, et 39 % ont aussi eu à retarder des investissements.
Évidemment, cette étude touche tous les secteurs d’activités, pas seulement celui du numérique. Les appels lancés par les patrons en manque de main-d’œuvre dans les médias et les réseaux sociaux en sont la preuve évidente.
Les raisons qui expliquent ce manque dépassent l’attribution de la PCRE : problèmes de formation et requalification, mauvaise rétention du personnel, départs à la retraite anticipée, investissements pour améliorer la productivité, etc.
L’immigration pour contrer la pénurie de travailleurs
Pour pallier le manque de main-d’œuvre criant, plusieurs solutions sont évoquées, comme l’immigration, qui permet de combler de nombreux postes dans tous les domaines. Et la demande est au rendez-vous, comme l’indique Régis Michaud, fondateur de RM Recrutement International.
« Il y a trois ans, quand j’ai fondé mon entreprise, je nous voyais recruter environ 300 travailleurs par année en 2021, mais la réalité est que nous recrutons maintenant autour de 1000 travailleurs par année ».
Le nombre élevé d’employés que M. Michaud recrute à l’étranger pour ses clients est indicateur de la santé du bassin de main-d'œuvre québécoise. Plus sa compagnie reçoit de contrats, plus il est facile d’en déduire que les compagnies de la province n’arrivent pas à pourvoir leurs postes vacants avec des travailleurs locaux. Et cette situation s’est accentuée avec la pandémie, puisque 25 200 immigrants ont été accueillis en 2020, alors qu’ils étaient 40 600 en 2019.
Le nombre global de postes à pourvoir dans notre province n’a donc jamais été aussi élevé qu’en ce moment. « Toutes les industries en arrachent, confirme M. Michaud. On croyait que la situation allait s’améliorer après la pandémie, mais c’est encore pire. C’est fou dans tous les domaines ».
Le recrutement créatif
Benoît Ferland, spécialiste en recrutement dans le numérique, mentionne que malgré la position du Québec comme plaque tournante dans cette industrie, la rareté de la main-d'œuvre y est tout de même accablante.
« Bien que le recrutement à l’international soit un moyen efficace de remédier à la situation, il existe d’autres solutions à explorer avant d’en arriver là », déclare-t-il.
Il faut dire que recruter à l’international demande beaucoup d’efforts. Les délais de traitement des dossiers par les deux paliers de gouvernement (27 mois en moyenne) et l’extrême lourdeur administrative, basée sur une multiplicité de critères (il faut compter 250 pages de déclarations pour la venue d’un seul travailleur étranger !), et la valse des programmes et des normes entravent les démarches de nombreux employeurs.
Alors, comment recruter du personnel sans faire appel à l’immigration ? Selon M. Ferland, afin de se donner une longueur d’avance, les entreprises dans le numérique doivent par exemple se positionner comme des employeurs de choix.
Une image de marque attirante, ainsi que des conditions de travail gagnantes, peuvent constituer une avenue intéressante. Plusieurs compagnies ont d’ailleurs pris l’initiative d’offrir aux candidats le nombre de semaines de vacances qu’ils veulent, en plus de moduler la rémunération et les avantages sociaux pour se démarquer.
Il est aussi possible de créer des partenariats avec les institutions d’enseignement, afin d’embaucher des étudiants, tout en développant des programmes de stage coopératifs. De former en continu et de requalifier des employés dans les nouvelles technologies afin de pouvoir les élever à d’autres postes. Ou encore d’impliquer concrètement les employés en les invitant à devenir actionnaires ou référenceurs de la société.
« Ce qui arrive avec cela, par contre, c’est que nous allons arriver à un point où les compagnies vont se cannibaliser en offrant des conditions et des salaires de plus en plus compétitifs », confie Régis Michaud. Certains postes très bien rémunérés ne trouvent pas non plus preneur, malheureusement.
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